Comment lutter contre le phénomène d’îlots de chaleur urbaine ?

L'Equipe de rédaction

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îlot de chaleur urbaine

L’effervescence démographique de nos villes, la bétonisation, les constructions toujours plus nombreuses, l’absence d’ombre ou encore la pollution de l’air ont progressivement fait émerger un phénomène d’îlots de chaleur urbaine (ICU). Qu’est-ce que c’est ? Cela se traduit par une température qui, en centre-ville, atteint en moyenne 3°C de plus qu’en périphérie rurale ! Dans des métropoles comme Paris et en plein été, cet écart peut même atteindre jusqu’à 10°C, particulièrement la nuit. La chaleur accumulée en journée est effectivement restituée lorsque la nuit tombe.

Et, si ces îlots de chaleur ont des conséquences importantes sur l’attractivité des centres-villes ou encore la résilience urbaine, ils sont surtout nocifs pour la qualité de vie des citadins et leur santé ainsi que pour la biodiversité. A titre d’exemple, ces écarts de température peuvent rapidement aggraver un contexte sanitaire tendu en centre-ville, notamment lors d’épisodes de fortes chaleurs.

Lutter contre les îlots de chaleur : un programme à 360°

Pallier les îlots de chaleur urbaine, c’est envisager des stratégies d’aménagement plus durables, basées sur le renouvellement du parc immobilier existant ou encore de la restitution de la végétalisation et de l’eau en ville. Voici quelques pistes actuellement plébiscitées dans la lutte contre les ICU et les trop fortes émissions de chaleur anthropique.

Une végétalisation urbaine plus dense

Si le retour de la nature en ville a généralement des effets bénéfiques sur le stress, la qualité de vie et sur l’attractivité de la ville, il n’en est pas moins essentiel en termes de qualité de l’air et de santé publique. Réintroduire la végétation en milieu urbain à la fois au sein de l’espace public mais aussi sur les bâtiments existants (toitures végétalisées etc.) et sur les terrains en friche semble désormais indispensable. Les stratégies de végétalisation urbaine peuvent également inclure la création de voies vertes ou encore de places de stationnement vertes, etc. Peu importe, tant que l’on permet à la biodiversité de se stabiliser et que l’on bénéficie, au passage, d’alliés précieux pour absorber nos émissions de CO2 et réduire la chaleur en ville !


Notons que la loi Climat et Résilience prévoit l’obligation de création d’une toiture végétalisée ou bien la pose de panneaux solaires en toiture des bâtiments commerciaux, industriels ou artisanaux construits ou réhabilités à partir du 1er janvier 2023. Une mesure que l’on aurait souhaité voir également apparaître pour les logements individuels… c’est déjà ça.

Des revêtements alternatifs pour parer la ville

Le choix des matériaux de construction et des revêtements de sol tient une place prépondérante dans la lutte contre les îlots de chaleur urbaine. Et oui, tous les matériaux ne se valent pas ! Ainsi, on estime par exemple que la température de surface d’un revêtement clair peut être 10 à 15°C inférieure à celle d’un revêtement sombre. Ainsi, certaines communes telles que Lyon ont d’ores et déjà entrepris de parer leurs rues de revêtements de couleur claire (à l’instar de la célèbre rue Garibaldi). Outre la couleur, les propriétés physiques des matériaux entrent également en ligne de mire. Généralement, les matériaux minéraux sont ceux qui accumulent et donc restituent le plus de chaleur.

Lorsque l’on parle d’ICU, on doit également considérer que l’artificialisation des sols en est l’un des accélérateurs. L’asphalte, imperméable, est à l’origine de phénomènes de ruissellements et ne permet tout simplement pas au sol d’accumuler suffisamment d’eau pour rafraîchir la ville par évaporation. Bonne nouvelle cependant : sachez qu’il est désormais possible de choisir des revêtements carrossables perméables laissant passer l’eau et donc limitant le ruissellement et l’effet îlot de chaleur !

Un aménagement urbain durable pour une ville qui reste au frais

La capacité de rafraîchissement de la ville est en partie conditionnée par la structure des bâtiments et leur orientation. Sont-ils trop proches les uns des autres, au risque de créer un “canyon urbain” ? Permettent-ils la création de zones d’ombre ?

Une mauvaise morphologie urbaine couplée à des émissions de chaleur anthropique très élevées ne peuvent qu’être néfastes pour la ville durable.

Les aménagements urbains qu’il est possible de concevoir pour pallier cette problématique sont toutefois nombreux : création de voies piétonnes et cyclables plus larges (permettant de faire “respirer” la ville), instauration de ZTL (zones à trafic limité) pour limiter la chaleur due à la pollution, création de fossés de récupération de l’eau de ruissellement etc. A cela peut très bien s’ajouter l’installation de mobilier urbain intelligent et/ou durable tels que des abribus équipés de brumisateurs, des lampadaires jouant le rôle de parasol et bien entendu des fontaines et des points d’eau.

Observer et catégoriser les îlots de chaleur grâce au score ICU

Développé par deux bureaux d’études, le score ICU est un outil d’évaluation simplifiée des îlots de chaleur urbaine, destiné à accompagner les différents acteurs de l’aménagement en milieu urbain. En d’autres mots, le score sert à qualifier une zone en fonction de sa propension ou non à contenir des îlots de chaleur, en fonction des éléments qui la constituent.

Très concrètement, on commence par classer les revêtements urbains de la zone dans l’une des 9 tranches de température prévues par le dispositif, en fonction de leurs propriétés physiques (capacité thermique massique, perméabilité, émissivité…) ou encore de leur positionnement. Selon la part du revêtement dans la zone et de l’environnement, on calcule ensuite un score global compris entre 0 et 1, 0 étant associée à la zone la plus fraîche.

Si ce score sert à l’appréciation de la qualité de vie du citadin, il permet également de mieux concevoir les projets d’aménagement urbains en étudiant l’impact potentiel de la construction ou de la rénovation sur l’effet d’îlot de chaleur. De quoi offrir une bonne vue d’ensemble des potentialités !

L'Equipe de rédaction
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