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Valorisation des déchets urbains dans la Smart City

En milieu urbain, le traitement des déchets revêt des forts enjeux environnementaux, économiques et de santé publique. Les procédés de valorisation des déchets notamment sont centraux ! Obtenir des matériaux réutilisables ou de l’énergie, c’est respecter l’environnement et favoriser une gestion urbaine plus efficace et plus résiliente, des essentiels au sein de la smart city. Faisons le point sur la valorisation organique ou encore énergétique des déchets et son rôle dans la ville de demain.

Valorisation matière, organique ou énergétique : le point

Tout d’abord, il faut bien comprendre que recyclage et valorisation sont deux notions différentes. La valorisation est plus large regroupant à la fois le recyclage, le réemploi, la valorisation matière, organique et énergétique. Intéressons-nous à ces différentes notions.

  • La valorisation matière, implique un recyclage de matière de façon au moins partielle, laquelle entre alors dans la composition d’un autre produit. On consomme moins de matière première donc le coût environnemental dudit produit est fortement limité.

En 2018, on estimait les économies liées à la valorisation matière à 23 millions de tonnes de CO2 évitées.

Sinon, on peut également réemployer le produit d’origine si tant est que son usage et que son état le permette. Notons que le volume de biens réutilisés/réemployés a explosé sur les dernières années du fait d’un changement profond dans les comportements : + 28 % déjà entre 2014 et 2017 par exemple (780 000 à 1 million de tonnes).

  • La valorisation organique, passe soit par en général par le compostage. Selon la Fédération Nationale des Activités (FNADE), la valorisation organique désigne le mode de gestion des déchets biodégradables dont alimentaires, agricoles, ou agro-alimentaires par exemple. Le compost servira à fertiliser naturellement les sols agricoles notamment.
  • La valorisation énergétique s’effectue généralement via méthanisation, pour les déchets qui ne peuvent être valorisés sous forme de matière notamment. On décompose ici la matière organique dans un environnement exempt d’oxygène (anaérobie, pour qu’elle ne s’enflamme pas pour avoir le temps de les valoriser), un traitement biologique qui prend environ 2 à 3 semaines. Une partie de la matière (le digestat) est soumise au compost ou à un plan d’épandage, tandis que du biogaz est généré (issu de la fermentation organique des déchets), lequel est valorisé grâce au méthane qu’il contient. Ceci est ensuite valorisé en énergie, en chaleur ou encore en carburant.

Le choix du procédé de valorisation dépend en grande partie du type de déchet : dangereux ou non dangereux, minéraux ou non, déchets plastiques, déchets ménagers, déchets alimentaires.

Les chiffres de la valorisation des déchets en France

Selon les chiffres communiqués par la France en 2018, 66 % des déchets sont désormais recyclés, c’est + 11 % en 10 ans. On compte également + 48 % de valorisation énergétique en 10 ans, un chiffre très encourageant mais qui porte la part globale à 6 % seulement. Il reste donc encore beaucoup de chemin à parcourir en la matière.

Autre fait intéressant : une diminution de la part d’incinérations sans récupération énergétique, laquelle passe de 1,6 % en 2016 à 1,3 % en 2018 !

Evolution de la quantité d’énergie produite à partir des déchets de tous types en France

 

Notons que la Loi de Transition Energétique pour la Croissance Verte (2015) a défini l’objectif de diminuer de 50 % la part d’enfouissement des déchets d’ici à 2025 (sur le niveau de référence 2010). La valorisation des déchets prend également une autre dimension dans le cadre de la loi AGEC (Lutte contre le gaspillage et pour l’économie circulaire), qui prévoit notamment l’atteinte d’un niveau maximum de recyclage plastique d’ici à 2025 (près de 100 %).

Un traitement différent selon la typologie de déchets urbains

Les déchets de l’industrie et du commerce sont d’ores et déjà très bien orientés vers des filières de valorisation, respectivement à 93 % et 84 % ! Parmi ces pourcentages :

  • 11 % de valorisation énergétique, 5 % de valorisation organique et 59 % de valorisation matière dans l’industrie,
  • 55 % de recyclage, méthanisation et valorisation matière dans le commerce.

En revanche, la gestion des déchets municipaux – pourtant centrale – affiche des résultats moins avantageux.

Toutefois, si on se réfère au graphique ci-après, on remarque que la part de stockage de déchets est en baisse continue depuis 2007 (c’est un objectif réglementaire à l’échelle de la France et de l’Europe), tout comme l’incinération sans récupération d’énergie. A contrario, la valorisation matière et la valorisation organique augmentent !

Pour favoriser la réduction des déchets urbains et leur traitement responsable, plusieurs pistes sont actuellement suivies en France.

  • La mise en place d’une collecte séparée des biodéchets, une initiative lancée en 2020 et partagée par 175 collectivités françaises à date. Mieux identifier ces déchets permet de les traiter plus facilement, plus rapidement, mais aussi de limiter la part de déchets résiduels.

Le tri et la collecte séparée des biodéchets : c’est pour 2024 ! A compter du 31 décembre 2023, le gouvernement prévoit une généralisation à toute la France.

La tarification incitative, un tarif associé à un service rendu (moins de déchets, ou des déchets recyclables) pour inciter les Français à faire preuve d’une gestion plus responsable de leurs déchets. Cette mesure est déjà en vigueur depuis 2019 pour 9,3 millions de Français et 22 millions prochainement (du fait des projets en cours). Objectif ? Atteindre 25 millions en 2025.

Depuis plusieurs dizaines d’années déjà, les filières de valorisation des déchets mûrissent et se structurent, se modernisent (incinérateurs, centres de stockage, etc.) pour devenir progressivement les principaux leviers de traitement des déchets urbains. Espérons que cette progression se poursuive rapidement, notamment en ce qui concerne les déchets municipaux : il y a urgence.