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La place des biocarburants aujourd’hui (et demain) pour une mobilité plus propre

biocaburants aujourd'hui et demain

Les biocarburants sont essentiels pour notre avenir « énergétique » et constituent une solution de transition pour la mobilité. Peu importent les performances commerciales des véhicules électriques, qui n’émettent aucune particule et ne rejettent aucune pollution à l’usage, les moteurs à combustion interne continueront encore de représenter une part importante du parc en circulation d’ici 10 à 20 ans. Alors, la seule possibilité pour aller de l’avant et avoir des transports plus propres est d’inclure dans le mix des solutions de transport des biocarburants. D’origine locale, issus de la biomasse et des déchets, les biocarburants sont une clé pour les transports dès aujourd’hui, et demain et s’inscrivent dans le panorama de la smart city.

Le moteur à combustion fait de la résistance

Si vous possédez aujourd’hui une voiture, il est fort probable qu’elle utilise un moteur à combustion interne alimenté par de l’essence ou du diesel. Bien que les ventes de voitures électriques progressent, le moteur thermique classique continue de représenter la majorité des ventes.

Une offre hybride simple ou hybride rechargeable émerge, utilisant la puissance de batteries électriques… avec un moteur thermique conventionnel ! Il faut se rendre à l’évidence, le moteur à combustion fait de la résistance.

Mais ce n’est pas un problème

Car un mélange de biocarburants avec de l’essence conventionnelle est possible. Il s’agit d’ailleurs d’une solution plus commune que vous ne l’imaginez. Première essence de France, le S95-E10* – qui contient jusqu’à 10 % d’éthanol par litre soit 6,7 % en énergie – atteint régulièrement plus de 45 % de part de marché ! Il s’agit d’un carburant compatible avec 98 % du parc essence roulant !

*C’est en 2017 que cette essence est devenue majoritaire, alors que la part de marché du SP95 chute régulièrement (aujourd’hui à 27,7 % contre près de 70 % en 2010).

Plus propre, le Superéthanol-E85 (qui contient de 65 % à 85 % d’éthanol) est distribué dans plus de 1 960 stations et voit sa part de marché croître. Il pèse aujourd’hui moins de 5 % du total des ventes, mais l’engouement est réel. Outre le fait d’être moins polluant, il est aussi plus économique à la pompe, du fait d’une pression fiscale réduite. Mais pour pouvoir l’utiliser, il faut disposer d’un véhicule « Flex Fuel » s’adaptant aux différents mélanges d’essence et d’éthanol, ou avoir un véhicule récent équipé d’un boîtier de conversion (permettant de reconnaître le type de carburant et d’adapter le fonctionnement du moteur en temps réel). Ce biocarburant se fraie un chemin dans les flottes d’entreprise, apprécié pour son prix réduit.

Une utilisation accrue de ces biocarburants présente des avantages pour l’environnement et peut même accroître les performances et l’efficacité des véhicules… sans avoir à les remplacer !

Le rôle central de la France en matière de biocarburants

Les biocarburants sont des carburants de substitution obtenus à partir de biomasse (matière première d’origine végétale, animale ou issue de déchets), permettant de réduire les émissions de gaz à effet de serre, d’améliorer la qualité de l’air et de réutiliser des déchets. Ces carburants sont aussi stratégiques pour réduire la dépendance aux importations de pétrole et dynamiser certaines filières et notamment le secteur agricole.

La France possède un rôle de pionnier à l’échelle européenne en matière de biocarburants. En effet, notre pays est le premier producteur européen d’éthanol, exportant même un quart de sa production dans le reste de l’Europe. Environ 3 % de la surface agricole française est consacrée à la production de biocarburants. Il s’agit d’un secteur vecteur d’emploi, environ 10 000 personnes auraient un poste qui serait lié directement ou indirectement à l’éthanol et 35 000 à la filière française de biodiesel.

Les biocarburants, simple transition ?

Les annonces de constructeurs qui décident de renoncer au moteur à combustion au profit de l’électrique uniquement se multiplient. Mais toutes les marques ne font pas ce choix radical. D’autres, au contraire, persévèrent avec le moteur à combustion traditionnel, mais orientent plutôt leur choix vers des blocs plus efficients, totalement compatibles avec des biocarburants.

Alors, quel paysage peut-on imaginer demain dans le monde de l’énergie ? Le tout électrique est-il possible ? Une cohabitation entre plusieurs énergies et la conservation de carburants biosourcés ou produits de manière décarbonée semble plus probable.

C’est le pari que font plusieurs marques. Citons par exemple Porsche, qui possède un projet conjoint avec Siemens Energy, destiné à produire à terme 550 millions de litres de eFuel. Au travers d’une usine installée au Chili et alimentée par de l’énergie éolienne, le carburant sera alors neutre en carbone. Il n’y a pas en effet besoin d’utiliser de l’énergie fossile, ce sont souvent des déchets qui sont réutilisés et le carbone émis en bout de chaîne est déjà présent à l’origine. Une solution qui se rapproche plutôt du recyclage. L’idée chez Porsche est d’utiliser ce carburant plus propre notamment pour les programmes compétition de la marque, afin de donner une image plus verte au sport automobile.

D’autres constructeurs sont engagés comme Audi (qui travaille sur une solution de carburants de synthèse sous forme gazeuse), fortement impliqué avec Global Bioenergies en France.

Citons aussi BMW, qui mène un projet aux États-Unis avec la start-up Prometheus Fuels.

Et si la véritable étape finale pour des transports plus propres était l’hydrogène ? Pour le parc automobile mondial, l’hydrogène a l’avantage de combiner le meilleur des deux mondes : aucune émission de CO2 et une production à partir de sources durables. L’hydrogène est idéal pour décarboner les transports et il peut être disponible en abondance via un réseau de distribution, notamment grâce à sa densité très élevée.

Il existe aujourd’hui une différence très importante entre la direction prise par les pouvoirs politiques et les actions concrètes sur le terrain de grands acteurs de l’automobile. Les premiers nommés se prononcent souvent en faveur du tout électrique et sont ouverts à l’hydrogène. En revanche, les constructeurs automobiles ont souvent le regard tourné vers les carburants de synthèse et les biocarburants. L’avenir nous dira quelle est la réponse. Elle sera selon toute vraisemblance multiple.