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Ville durable : quels sont les grands enjeux des écoquartiers ?

Ecoquartier en ville

Les écoquartiers sont les chefs-lieux de la transition vers des territoires durables. Développés en amont des smart cities, ce sont des espaces urbains où la nature occupe une place de choix, et où l’architecture et l’urbanisme agissent pour la transition énergétique et écologique. Ces quartiers fournissent généralement leur propre énergie et leur propre traitement des déchets.  

Qu’est-ce qu’un écoquartier ?  

Un écoquartier est un espace d’aménagement durable de la ville, afin d’améliorer les conditions de vie des habitants tout en préservant la nature et l’énergie. Il se fonde sur plusieurs principes importants, tels que définis par le gouvernement :  

  • La sobriété énergétique : construction de bâtiments économes en matière d’énergie, rénovation énergétique de bâtiments existants, production d’énergies renouvelables sur le territoire  
  • La résilience : création d’espaces verts, réduction des nuisances (sonores, pollution, etc.), réduction de l’exposition aux risques naturels et technologiques, etc. 
  • L’inclusion : construction de logements sociaux et de logements abordables, amélioration de la qualité d’usage des bâtiments  
  • La création de valeurs : déploiement de mobilités alternatives à la voiture, création de pistes cyclables, proximité des services de base (santé, alimentation, services publics, etc.) 

C’est donc un lieu pratique et agréable à vivre pour ses habitants, économie en matière d’énergie et végétalisé.  

En France, ces écoquartiers sont rassemblés sous un label qui permet aux porteurs de projet de valoriser leur engagement pour une ville durable. Ils bénéficient d’un accompagnement du gouvernement qui permettent l’accès à des financements et à des outils innovants.  

Actuellement, il existe plus de 500 écoquartiers sur le territoire français, et ce sont plus de 280 000 logements qui ont été construits ou rénovés énergétiquement dans des écoquartiers (dont 50 % sont des logements sociaux).  

Les enjeux des écoquartiers 

Afin d’accélérer la transition énergétique et la résilience des territoires français, les écoquartiers répondent à des enjeux forts qui leur permettent de devenir des lieux d’expérimentation et de durabilité.  

La sobriété énergétique  

L’un des enjeux les plus importants est bien entendu la construction de logements dont la consommation énergétique est très faible, d’autant plus que le gouvernement souhaite atteindre la neutralité carbone sur le territoire d’ici à 2050. Les écoquartiers sont donc des lieux propices à l’expérimentation et à la mise en place d’actions très concrètes pour répondre à ces défis.  

Les bâtiments sont ainsi construits avec des éco matériaux qui permettent d’obtenir une haute isolation thermique. Les systèmes de chauffage qui y sont utilisés sont modernes et économes, équipés des dernières innovations en matière de préservation de l’énergie.  

Par exemple, dans l’écoquartier de Nanterre, en banlieue parisienne, EDF a développé le tout premier double smart grid français. Ce dernier permet de piloter la production de chauffage, d’eau chaude sanitaire, et de climatisation de l’ensemble des bâtiments à partir de 60 % d’énergies renouvelables. La chaleur dégagée par la production de froid pour les commerces est réutilisée afin de chauffer l’eau chaude sanitaire des logements.  

Cela permet donc d’assurer une gestion énergétique sans gaspillage, et de réduire efficacement la consommation de l’ensemble des habitants du quartier.  

La production d’énergie via des sources renouvelables locales est d’ailleurs au cœur des préoccupations des écoquartiers. Dans l’écoquartier Smartseille à Marseille, les chauffages et l’eau chaude sanitaires sont alimentés grâce à l’énergie thermique de la mer dont les températures augmentent l’été. Cela permet de réduire de plus de 80 % les émissions de CO² chaque année ! Cette façon intelligente d’utiliser les ressources naturelles présentes sur le territoire est donc une aubaine pour la smart city de demain.  

La gestion des déchets  

La gestion des déchets est un enjeu vital dans les écoquartiers, afin de limiter la pollution liée à leur traitement.  

  • Les eaux usées sont traitées et recyclées, et l’eau de pluie est récupérée, afin d’arroser les parcs et jardins et d’alimenter les toilettes des habitants  
  • La collecte des déchets est améliorée, notamment par la mise en place du tri sélectif ainsi que l’aménagement d’aires de compostages dont les ferments servent en retour d’engrais pour les plantes des jardins communs.  
  • Les déchets de chantiers sont recyclés et valorisés afin de servir dans de futurs chantiers 

De nouvelles façons innovantes de collecter les déchets ont d’ailleurs vu le jour dans des écoquartiers. L’écoquartier de Clichy-Batignolles, à Paris, a accueilli le premier réseau de collecte pneumatique des déchets en France. Un réseau de collecte est mis à disposition des collecteurs de déchets. Ces déchets sont aspirés par dépression, collectés dans un point centralisateur et expédiés vers les filières de gestion des déchets. Résultat : cela limite considérablement les déplacements des véhicules de collecte des déchets et limite donc la pollution en ville.  

L’amélioration des réseaux de transports  

Les transports font partie intégrante d’une smart city digne de ce nom. La qualité du réseau de transport est donc tout aussi essentielle dans les écoquartiers, afin de limiter l’utilisation des voitures individuelles.  

Cela passe tout d’abord par la mise en place d’innovations en matière de partage :  

  • L’autopartage : c’est-à-dire la mise à disposition d’une flotte de voiture (généralement électriques) partagées qui sont louables grâce à des abonnements.  
  • Le covoiturage  
  • Les trottinettes et les vélos partagés : la mise en place d’offres de vélos et de trottinettes partagées se sont démocratisées ces dernières années, cela afin de faciliter aux utilisateurs l’accès à des transports doux non polluants.  

Ensuite, cela passe également par le développement des réseaux de transports collectifs. Les écoquartiers jouissent d’une proximité avec de nombreux types de transports collectifs : bus, trams, parfois métros ou encore transports innovants comme les téléphériques urbains. Les temps de trajets sont drastiquement réduits afin d’éviter aux usagers de prendre leur voiture pour les “derniers kilomètres” (c’est-à-dire la distance qui sépare l’arrêt de bus de leur domicile). Des offres intéressantes sont développées afin d’encourager l’utilisation de ces transports. Par exemple, le réseau de transports en commun est gratuit tous les week-ends dans la ville de Nantes.  

Enfin, les pistes cyclables sont largement développées dans les écoquartiers, afin de faciliter les trajets et d’améliorer la sécurité des cyclistes. Un réseau de pistes cyclables digne de ce nom est beaucoup plus attractif et permet aux usagers de ne pas se mettre en danger en empruntant les routes réservées aux voitures.  

La végétalisation des espaces  

L’autre grand enjeu des écoquartiers, c’est bien entendu la végétalisation des espaces. La nature reprend ses droits dans ces territoires durables et écologiques.  

Cela, notamment grâce :  

  • À la mise en place de jardins partagés (ou collectifs) qui encouragent la création de lien entre les habitants et la production de fruits et légumes locaux. Ces jardins communautaires sont susceptibles d’alimenter les habitants d’un quartier de façon totalement autonome. 
  • À la végétalisation des toits et des murs. Une toiture végétale permet par exemple d’obtenir une isolation thermique et sonore de qualité, en plus d’améliorer la qualité de vie des habitants. Elle est également une invitation à la détente. Elle permet également de réduire les puits de chaleur lors des canicules.  
  • À la création d’espaces verts et de jardins en tous genres qui permettent d’améliorer la qualité de vie des habitants tout en permettant la conservation de la biodiversité urbaine.  

L’écoquartier de BEDZED, au Royaume-Uni, en est un exemple puisque ce village, construit sur une ancienne friche industrielle, a utilisé la biodiversité locale de façon pertinente. Chaque logement dispose en effet d’un accès à une terrasse ou un jardin végétalisé, des arbres locaux ont été plantés le long des routes et des chemins, et les toits végétalisés ont permis une réduction drastique de la consommation d’énergie annuelle du quartier.