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Comment améliorer la qualité de l’air en ville ? Défis et innovations 

Qualité de l'air : une ville polluée

Aujourd’hui, plus de la moitié de la population mondiale réside en milieu urbain. Cela est équivalent à environ 4,4 milliards d’habitants. Il est estimé que deux milliards et demi d’habitants s’ajouteront à ce nombre déjà conséquent d’ici à 2040 ! Cette croissance démographique pose un sérieux problème : la pollution atmosphérique augmente et est même souvent supérieure aux niveaux recommandés par l’OMS. La smart city œuvre pour se donner les moyens de mettre en place des initiatives de dépollution et de déjouer ce problème sanitaire et écologique. Tour d’horizon des enjeux et des innovations de la ville de demain sur le sujet de la qualité de l’air.

Les impacts de la pollution atmosphérique

La pollution atmosphérique revêt un enjeu sanitaire important, dans un contexte d’évolution rapide de la population mondiale.

En France, l’agence de santé nationale a estimé au nombre de 48 000 le nombre de décès liés à la pollution atmosphérique par an. Elle entraîne également des dégradations de la qualité de vie : toux, rhume, asthme, maladies cardiovasculaires, et même cancers. Un constat alarmant, alors que 92 % de la population vit dans des zones où les normes de l’OMS en matière de qualité de l’air ne sont pas respectées !

Dangereuse pour les humains, donc, la pollution de l’air touche également tous les écosystèmes. Elle impacte par exemple les plantes en empêchant le processus de photosynthèse (la capacité qu’ont les plantes d’absorber des nutriments grâce à la lumière du soleil), ce qui a de graves conséquences sur la purification de l’air extérieur. C’est un cercle vicieux, en somme : la pollution empêche la purification de l’air, ce qui engendre davantage de pollution.

Les smart city ont donc comme enjeu vital de mettre en œuvre des innovations et d’opérer des changements systémiques qui permettront d’améliorer la qualité de l’air et de sensibiliser les populations aux défis qui les attendent.

Actuellement, la plupart des métropoles françaises connaissent des pics de pollution annuels, liés aux conditions météorologiques (les épisodes de fortes chaleurs, par exemple). Cela ne va pas en s’arrangeant, avec des étés toujours plus chauds et caniculaires. Les sources de pollution sur lesquelles nous pouvons agir sont nombreuses : le chauffage, le trafic routier, les industries, l’agriculture, etc. De nombreux usages semblent à repenser pour imaginer la ville de demain !

Des usages à repenser pour améliorer la qualité de l’air en ville

Penser à dépolluer la ville, c’est aussi changer la façon de l’habiter. Aujourd’hui, le trafic routier est le premier responsable de la pollution dans les agglomérations françaises. Les collectivités cherchent donc des moyens de limiter l’importance des voitures dans le quotidien des citadins. Augmentation de l’offre de transports en commun, développement des transports doux tels que le vélo ou la trottinette, diversification des moyens de transport : les idées ne manquent pas ! Certaines agglomérations mettent par exemple en place des subventions pour l’achat d’un nouveau vélo, afin d’encourager le développement de ce mode de transport écologique.

On voit également se développer de nouveaux services et usages qui permettent de désengorger les villes en limitant l’utilisation des voitures : covoiturage, autopartage. Récemment, la mise en place de Zones à Faible émissions (ZFE) qui fonctionnent grâce à un système de vignette permet de limiter la pollution liée aux véhicules anciens. Les véhicules les plus polluants sont tout simplement interdits de circulation dans les centres-villes de certaines agglomérations françaises et européennes.

Pour une ville plus saine, limiter l’utilisation de la voiture et sensibiliser les usagers reste donc une priorité.

L’urbanisme vert : une vraie réponse aux problèmes de qualité de l’air en ville

Au-delà de ces nouveaux usages, c’est également la manière de penser la ville qui est à déconstruire.

Une smart city, c’est en partie une ville qui recrée le lien entre les hommes et la nature. Cette dernière est omniprésente, que ce soit dans les rues, dans les parcs, mais aussi sur les immeubles.

C’est ce qu’on appelle l’urbanisme vert. Cela englobe toutes les initiatives qui permettent de placer la nature au centre de la ville. Les végétaux, généralement choisis pour absorber les composés volatiles organiques de l’air, servent à assainir l’air et donc, à dépolluer la ville. On peut citer par exemple les murs ou les toitures végétalisés, véritables jardins suspendus, qui ornent les bâtiments tout en leur donnant une nouvelle fonction : celle de prendre soin de leurs résidents. L’air pollué passe à travers plusieurs couches de végétaux. Les particules fines y sont piégées, puis dissoutes. De quoi joindre l’utile à l’agréable !

Le “bosco vertical”, à Milan, est un exemple de cet écodesign qui fait la part belle aux végétaux et à la nature. Au cœur d’une métropole européenne dynamique de plus d’un million d’habitants, cette véritable forêt verticale, comme l’appellent ses concepteurs, compte plus de 700 arbres, 5 000 buissons et 15 000 plantes vivaces sur sa façade.

Enfin, afin de réduire l’exposition des populations qui se trouvent dans des zones problématiques, certaines mesures peuvent être mises en place. Baisse de la circulation routière, aménagements piétons ou encore amélioration des pistes cyclables, l’urbanisme a un rôle très important à jouer ! Penser la ville de demain, c’est aussi prévoir comme elle pourra impacter bénéfiquement ses habitants.

Quelques exemples d’innovations au service de la qualité de l’air en ville

Dans les villes dont la densité est importante, des innovations sont sans cesse lancées afin d’assainir l’environnement. Les collectivités redoublent d’efforts afin de prévenir les pics de pollution et de mettre en place des solutions lorsque ces pics sont atteints, pour éviter d’impacter trop fortement la santé des habitants.

Parmi ces efforts, on peut notamment citer des dispositifs comme le micro capteur. Ce petit appareil connecté permet d’obtenir en temps réel des données sur la pollution de l’air ambiant. Il peut mesurer plusieurs polluants tels que les particules, le dioxyde de carbone ou encore le dioxyde d’azote. Son avantage : il peut fonctionner de façon autonome grâce à des panneaux solaires intégrés !

Son usage est intéressant puisqu’il permet d’agir rapidement. Si les données analysées présentent des points à améliorer, alors les mesures nécessaires peuvent être mises en place. Point de vigilance cependant, la fiabilité d’un tel dispositif est encore questionnée par les experts, et malgré leur démocratisation, il faudra encore quelques années avant que cette technologie ne fasse ses preuves sur le terrain.

Autre innovation : les microalgues, capables d’absorber une à 100 000 tonnes de CO² par an, alors qu’il faudrait normalement planter plus de 100 arbres pour obtenir un tel résultat. Ces microalgues sont placées dans des cuves remplies d’eau, notamment dans les endroits où la circulation est importante. Selon les premières analyses, ces microalgues absorberaient 66 à 99 % des particules fines présentes dans l’atmosphère et 76 à 97 % du dioxyde d’azote. Encore mieux : ces algues, alimentées en CO², peuvent être transformées en biométhane, un gaz naturel et renouvelable donc, qui pourrait alimenter les réseaux de gaz des grandes métropoles. La ville de demain, c’est aussi une ville qui produit sa propre énergie !