Comment les villes conjuguent-elles urbanisme et environnement ?

L'Equipe de rédaction

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urbanisme et environnement

La préoccupation environnementale se traduit aujourd’hui de plus en plus concrètement dans les stratégies d’urbanisme territoriales. Protection des zones à risque, stratégie de contournement pour pallier l’étalement urbain et limiter l’artificialisation des terres… Les actions vont bon train à l’échelle des communes et des intercommunalités. Mais dans quelle mesure sont-elles réellement impactantes ? Comment les villes, ces smart city en devenir, conjuguent-elles urbanisme et environnement ?

Comment intégrer le développement durable à une stratégie d’urbanisme ?

Prendre le parti d’intégrer l’environnement à sa stratégie d’urbanisme, c’est non seulement limiter son impact environnemental, mais aller au-delà, en devenant un véritable acteur de la transition écologique. La plupart des villes de France ont déjà pris l’engagement de réduire leurs émissions de carbone pour préserver la planète et limiter les effets du réchauffement climatique. Energie, mobilité, tout peut être envisagé. Mais en ville, c’est bel et bien le secteur du bâtiment qui est à ce jour le plus émetteur de gaz à effet de serre. Il convient donc d’être particulièrement vigilant quant à l’impact des nouveaux projets urbains.

Selon Rana Adib, la directrice de REN21 :

Les villes ont la possibilité de prendre des décisions politiques plus libres que les Etats.

Certes. Mais prendre ces décisions, cela implique d’abord de bien comprendre les enjeux liés au développement durable en milieu urbain. Impossible sans cela, d’élaborer une approche environnementale à la hauteur. Alors comment les villes peuvent-elles intégrer la dimension environnementale dans leur politique d’aménagement urbain ?

Intégrer l’environnement au Plan Local d’Urbanisme (PLU) de la ville

Le Plan Local d’Urbanisme est en quelque sorte la feuille de route urbaine de la commune ou de l’ensemble de communes pour la dizaine d’années à venir. Prévoir les aménagements urbains et dessiner les contours du potentiel d’artificialisation est le propre du PLU. Intégrer la dimension environnementale au cœur de ses documents d’urbanisme est donc l’une des clés pour prétendre à la construction d’une ville plus durable.

Si la protection des espaces agricoles, naturels et forestiers est d’ores et déjà répandue dans les PLU, l’accent doit désormais être mis sur la modération de l’artificialisation des sols, un enjeu majeur dans la lutte contre le réchauffement climatique. Capitaliser sur l’existant via par exemple la reconversion des friches urbaines, c’est augmenter l’attractivité de la ville, maîtriser son empreinte carbone tout en préservant les écosystèmes présents dans les espaces naturels.

Se fier à l’Approche Environnementale de l’Urbanisme : un outil au service des collectivités

Voilà quelques années que l’ADEME a développé une méthodologie destinée aux collectivités dans le cadre de leurs projets d’aménagement urbain. On parle de l’AEU2 : Approche Environnementale de l’Urbanisme 2. Cette méthodologie peut tout à fait concerner l’élaboration des documents de planification urbaine parmi lesquels le PLU ou encore le SCoT, Schéma de Cohérence Territoriale.

Ses objectifs ? Favoriser la qualité environnementale des actions urbaines mais aussi générer l’émergence de nouveaux projets, porteurs de durabilité, de qualité de vie et respectueux de de l’identité locale. La méthodologie comprend 4 étapes : vision, ambition, transcription et concrétisation.

Adopter une démarche de ville durable

En France, de nombreuses démarches liées à la ville durable et portées par le Ministère de la Transition Ecologique se traduisent à l’échelle territoriale : Démarche EcoQuartier ou encore EcoCités.

Ces initiatives sont destinées à soutenir la croissance de la ville tout en prenant en compte les problématiques liées à l’énergie, à la biodiversité ou encore à la pollution de l’air en ville. Les villes peuvent ainsi se baser sur des labels et des chartes précises dans le cadre de la conception de leurs différents projets d’aménagement urbain.

Accélération et Simplification de l’Action Publique : la loi ASAP pour l’environnement

L’objectif de la loi ASAP ? Clarifier et simplifier les procédures d’action publiques régies par le Code de l’Environnement et jusqu’alors trop complexes. Publiée au journal officiel le 8 décembre 2020, la loi ASAP a été suivie d’un décret d’application datant du 30 juillet 2021 (entrée en vigueur des mesures au 1er août).

  • Raccourcir les délais liés aux procédures environnementales. Un délai désormais uniformisé de deux mois est accordé à l’autorité environnementale pour rendre son avis et de valider une demande d’autorisation environnementale (modification de l’article R. 122-7 du Code de l’environnement relatif à l’autorité environnementale). Ce délai pouvait auparavant être de 2 à 3 mois.
  • Faire participer et informer le public au sujet desdites procédures, notamment via la prorogation de la durée de validité des enquêtes publiques au sujet des projets de production d’énergies renouvelables.
  • Faire évoluer la réglementation des installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE), via notamment la suppression de l’avis obligatoire du Coderst (Conseil Départemental de l’Environnement et des Risques Sanitaires et Technologiques). Consultez plus d’informations à ce sujet dans l’article 42 de la loi ASAP.

Etude : les villes sont-elles vraiment vertes en France ?

Nous nous sommes intéressés à une étude menée par l’Observatoire des villes vertes et la Ligue de protection des oiseaux, portant sur 24 villes Françaises en 2019. A date :

  • Seulement 6 villes sur 24 ont intégré un volet dédié à la végétalisation urbaine au sein de leur PLU. La variable prise en compte ici est la présence d’un coefficient de biotope par surface (CBS), décrivant la part de superficie favorable à la biodiversité (ou éco-aménageable) par parcelle. Cet indicateur est particulièrement stratégique et efficace dans la lutte pour la préservation de l’environnement, et encore trop peu exploité par les communes.
  • Environ 85 % des villes ont déjà entrepris de multiples actions en faveur de la préservation des corridors biologiques et concernant la gestion alternative des eaux de pluie, dans une démarche de durabilité.

L’on remarque donc que les impulsions ne manquent pas à l’échelle des collectivités. Il semblerait toutefois qu’un manque d’information et parfois de stratégie globale freinent l’alliance entre urbanisme et environnement. L’étude ajoute que pour la plupart des villes, il est à déplorer un manque certain de suivi des actions mises en place en faveur de la biodiversité. Des impulsions gouvernementales et communales oui, qui manquent donc parfois cruellement de structure. Espérons que l’avenir tendra à faire mûrir cela.

L'Equipe de rédaction
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