En quoi la végétalisation urbaine est-elle nécessaire à la ville durable de demain ?

L'Equipe de rédaction

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végétalisation en ville

En France, près de 75 % de la population a élu domicile en ville ou en périphérie. Ces villes, qui se développent et s’adaptent constamment pour se conformer aux usages et pour apporter aux citadins un cadre de vie à la fois attractif et sain. Oui mais voilà : c’est en ville que la pollution de l’air et la chaleur sont les plus intenses, entraînant des conséquences néfastes avérées sur la santé. Dans un contexte où le réchauffement climatique s’aggrave jour après jour, rafraîchir les villes et les dépolluer semble essentiel. La végétalisation urbaine apporte une réponse adaptée à cette problématique. Réinjecter la nature en ville, recréer et consolider sa biodiversité jusqu’à concevoir de véritables forêts urbaines en guise d’oasis de fraîcheur, voilà l’un des leviers pour faire évoluer la ville traditionnelle en un espace plus durable, une smart city. Voyons de quoi il retourne.


A quels enjeux permet de répondre la végétalisation urbaine ?

Végétaliser les zones urbaines ou péri-urbaines, oui mais pourquoi ? Plusieurs raisons à cela.

  • Faciliter la dispersion des polluants atmosphériques. Ces particules fines sont issues de l’ensemble des activités humaines en ville et en périphérie : bâtiments publics et résidentiels, transports, industries… Si ces particules sont en constante augmentation du fait d’une activité économique parfois effrénée, elles ont également du mal à être absorbées par la terre ou les végétaux, faute d’un écosystème suffisamment présent ou diversifié. Les sols, artificialisés, ne recueillent plus l’eau de pluie et à travers elle, les polluants de l’air. Les arbres et végétaux, saturés et peu nombreux ne jouent pas non plus le rôle de régulateurs naturels.
  • Rafraîchir la ville en limitant l’effet d’îlot de chaleur. En ville en plein été, la température oscille parfois entre 3 et 10°C de plus qu’en campagne ! Ceci est justement dû à l’activité humaine ainsi qu’au réchauffement climatique. Les îlots de chaleur conduisent non seulement à un inconfort thermique mais également à une aggravation des conditions sanitaires en ville pour les plus fragiles. Si les matériaux de construction et de parement ont un rôle à jouer pour absorber cette chaleur, la présence de végétaux en ville constitue la solution numéro 1 à considérer. Selon un rapport de l’ADEME sur la nature en ville, la présence d’un arbre atténuerait jusqu’à 85 % l’ensoleillement en été. Il crée une zone d’ombrage rafraîchissante permettant de lutter contre les îlots de chaleur en absorbant 70 % des rayonnements du soleil. L’air est rafraîchi par la végétation : c’est l’équivalent de la thermorégulation pour l’organisme humain.

Enfin, il est désormais avéré que la présence de nature en ville a des effets bénéfiques sur la santé, notamment en réduisant le stress. Certaines études concluent même que des arbres en milieu urbain pourraient réduire les risques de troubles psychologiques ! C’est en partie pour cela que l’ensemble des écoquartiers nouvellement en construction intègrent désormais la végétation comme l’une de leurs dominantes principales.

Végétation en ville et bioremédiation : pour un air plus sain

Peut-être ce terme vous est-il inconnu. En fait, la bioremédiation désigne la capacité du végétal à capturer et à filtrer les polluants atmosphériques émis notamment par les activités humaines. Saviez-vous qu’un arbre mature peut absorber jusqu’à 20 kg de particules nocives et 5,4 tonnes de CO2 par an ? C’est justement de cela dont on parle. En filtrant l’air ambiant et rejetant de l’oxygène, le végétal permet d’ailleurs, non seulement d’assainir son environnement attenant, mais aussi de limiter la chaleur, la pollution atmosphérique étant l’un des accélérateurs du phénomène d’îlots de chaleur urbaine. La végétation urbaine permet également de dépolluer le sol, grâce à un mécanisme naturel appelé phytoremédiation. Très concrètement, les polluants stockés dans le sol et expulsés par évapotranspiration sont recueillis, assimilés et/ou dégradés par la végétation en surface. Pour plus d’information sur les propriétés des végétaux en ville, nous vous invitons à consulter le rapport dédié, de l’ADEME en fin d’article [1].

Bien entendu, la végétalisation urbaine ne permet pas à elle seule de réguler le climat en ville et de solutionner les problèmes susmentionnés. Il s’agit tout de même de l’un des indispensables de la ville de demain, à l’heure où la nature se meurt et étouffe un peu partout sur le globe.

Comment végétaliser la ville durable ?

Ces dernières années ont vu se multiplier les campagnes de végétalisation et les politiques urbaines associées, notamment du fait des conditions climatiques et des crises sanitaires. Les mentalités évoluent également. A Lyon par exemple, le PLU intègre depuis 2016 un coefficient de végétalisation minimum de 30 % sur les constructions neuves. A l’échelle nationale, la présence d’une toiture végétalisée (ou de panneaux solaires) sera également obligatoire sur tous les bâtiments industriels et commerciaux à construire… Tout cela prend de l’ampleur.

Aborder une campagne de végétalisation urbaine n’est toutefois pas de tout repos, en cela qu’il ne s’agit évidemment pas de planter quelques arbres et arbustes sur les avenues fréquentées. La nature de ces écosystèmes doit correspondre à l’environnement dans lequel ils sont implantés : nombre et types de bâtiments, intensité du trafic routier ou encore variables naturelles telles que la densité des eaux pluviales ou encore la direction des vents… Il faut également considérer les points suivants :

  • Prôner la diversité végétale ceci pour créer, au-delà d’un espace vert, un véritable écosystème. Les végétaux doivent quant à eux être choisis en fonction de leurs propriétés d’absorption et de leur capacité de “cohabitation”.
  • Implémenter des zones vertes de superficies différentes. S’il est globalement acté qu’un espace vert plus grand a de meilleures capacités de rafraîchissement, certaines études démontrent aussi que de petits espaces séparés d’environ 200 mètres les uns des autres auraient une action plus bénéfique !
  • Choisir des espèces végétales qui supportent l’environnement urbain, demandent peu d’entretien/d’utilisation de produits phytosanitaires et sont non invasives. A titre d’exemple, mieux vaut implémenter une rangée de peupliers ou d’érables que de noisetiers (relativement allergisants) ou encore d’une espèce exotique demandant un entretien et donc des ressources (humaines, en eau et en énergie) démesurées.

Notons que les végétaux peuvent, parfois, être nocifs pour l’environnement et/ou les citadins. Au-delà de l’aspect allergène, un grand nombre d’espèces telles que le conifère, le platane ou le peuplier sont émettrices de terpènes, des composés organiques volatils responsables de l’augmentation de l’effet de serre ! Le conifère constitue pourtant l’une des espèces les plus efficaces dans le piégeage de particules…

Finalement à l’heure actuelle, il n’existe pas de liste arrêtée de végétaux dont les capacités d’absorption sont meilleures, cette variable étant assez difficile à quantifier et variant aussi selon l’âge du végétal (les feuilles d’un arbre mâture absorbent davantage de particules qu’un jeune arbuste, par exemple). Il s’agit surtout d’être vigilant quant aux points soulevés ci-dessus. L’entretien de cette végétalisation notamment, est l’un des points sur lesquels il faut être prudent.


La nature en ville pas à pas, grâce au permis de végétaliser

Saviez-vous que vous pouviez, vous aussi, contribuer à votre échelle à la végétalisation de l’espace public ? A Paris, Bordeaux, Grenoble ou encore Marseille, la commune peut vous délivrer sur demande un permis de végétaliser pour une durée moyenne de 3 ans, renouvelable. Vous pouvez alors fleurir les pieds d’arbres de votre rue ou encore poser des jardinières au sol, que vous vous engagez à arroser et entretenir selon les conditions prévues dans la charte de votre commune. Seul ou à plusieurs, ce type de projet est très utile pour apporter de la nature en ville, pas à pas. Plutôt que d’attendre que les autres le fassent, pourquoi ne pas vous lancer ?

[1] Lien du rapport de l’ADEME : https://www.ademe.fr/sites/default/files/assets/documents/amenager-avec-la-nature-en-ville-8873.pdf

L'Equipe de rédaction
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