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La ville moyenne est-elle un modèle de ville durable ?

Ville moyenne, ville durable

L’appellation de “ville moyenne” désigne les aires urbaines qui comptent entre 20 000 et 200 000 habitants. Actuellement, 26 % de la population française vit dans des villes moyennes. Ces dernières sont de plus en plus prisées des citadins qui souhaitent retrouver une vie plus paisible dans des villes à taille humaine. Ce sont d’ailleurs de véritables territoires d’expérimentation qui présentent de grands enjeux pour la transition énergétique et écologique. La smart city de demain est-elle une ville moyenne ? 

Etat des lieux de la ville moyenne en France 

Longtemps grandes dernières dans les priorités des collectivités, les villes moyennes ont souffert de leur manque d’attractivité pendant des années. Pour autant, un regain important, consécutif à la crise sanitaire et à l’envie de nombre de Français de quitter les grandes villes et de privilégier le télétravail, a remis ces villes au centre de l’échiquier politique. Elles présentent aujourd’hui de grandes opportunités d’expérimentation. 

Selon une étude de 2022 menée par France Stratégie, l’emploi et la population ont d’ailleurs augmenté de 55 % en 10 ans dans les villes moyennes. 

C’est essentiellement avec le lancement du programme “Action cœur de ville” par le gouvernement en 2017 que ces villes ont connu une véritable bouffée d’oxygène. Ce dispositif, doté de 5 milliards d’euros, s’est consacré à revitaliser les centres-villes des communes moyennes, touchées de plein fouet par la polarisation des grandes métropoles, et perdant petit à petit leurs commerçants et leurs services de proximité. 

L’histoire des villes moyennes françaises reste donc à écrire, et leur attractivité pourrait se décupler avec les années. Ces dernières représentent donc des enjeux très importants en matière d’aménagement. Elles sont considérées par France Stratégie comme un “pilier durable de l’aménagement du territoire”.  

Des opportunités durables dans la ville moyenne  

Mettre en place des actions de durabilité dans les villes moyennes constitue un levier d’attraction important. Pour des citadins ayant l’habitude des grandes métropoles, l’opportunité de vivre dans une ville proche de la nature, fortement végétalisée et proposant un confort de vie non négligeable, est pour la plupart une priorité. 

La durabilité est également créatrice d’emplois. Par exemple, l’essor de la consommation en circuit-court représente une véritable opportunité pour les paysans comme pour les consommateurs. Elle réduit les temps de trajet et de manufacture, et permet la relation directe entre le vendeur et son client. Cette attraction est vectrice d’emplois puisque plus la demande est forte, plus le besoin de main d’œuvre est important. 

D’autres actions durables permettent notamment de créer de l’emploi :  

  • La rénovation énergétique des bâtiments : le programme “Action cœur de ville” prévoit une enveloppe de 20 millions d’euros dédiée à l’amélioration de l’habitat dans les villes moyennes. Ce secteur permet le déploiement d’artisans qualifiés dotés de nombreuses compétences diverses. La transition énergétique représente un enjeu majeur pour ces territoires qui disposent encore de nombreuses passoires énergétiques. 
  • Le développement des énergies renouvelables : l’amélioration de la distribution de l’énergie dans ces villes et le développement des énergies photovoltaïques et éoliennes attirent du personnel qualifié tout en renforçant l’attractivité des villes. 

En plus de créer de l’emploi, l’aménagement durable du territoire permet donc d’attirer nombre d’éventuels résidents. La mise à disposition de logements à faible consommation d’énergie et l’aménagement de parcs, de loisirs et d’espaces végétalisés améliorent considérablement le cadre de vie, dans ces villes qui sont déjà considérées par leurs habitants comme des lieux de vie confortables.  

Parmi les villes idéales citées comme les plus “agréables à ville”, on retrouve souvent des villes moyennes comme Angers ou Annecy. 

Il existe donc de véritables enjeux pour faire de ces territoires des modèles de villes durables.  

Un exemple de ville moyenne durable : Angers 

Aujourd’hui considérée comme l’une des villes les plus attractives de France, notamment en matière d’emploi, Angers a entamé sa transformation en tant que ville durable il y a de ça quelques années déjà. 

Angers est aujourd’hui un territoire d’expérimentation durable qui mise sur la végétalisation de ses espaces et la construction de logements économes afin d’augmenter encore davantage son attractivité. Aujourd’hui, la ville compte plus de 6 000 hectares d’espaces verts et 75 % de son budget est consacré à la transition écologique, selon Corinne Bouchoux, vice-présidente d’Angers Loire Métropole.  

De nombreuses actions ont été lancées afin de faire de cette aire urbaine le porte-drapeau de la ville durable 

  • Transports en commun fonctionnant uniquement au biogaz  
  • Plans alimentaires basés sur le modèle du circuit-court 
  • Cuisine bio pour les écoles, récupération des invendus  
  • Optimisation de l’arrosage des parcs et de l’éclairage public.  

La ville d’Angers a d’ailleurs annoncé en 2019 investir 178 millions d’euros sur 12 ans pour devenir une ville durable modèle et “zéro carbone”, tout cela en partenariat avec Engie qui déploie sur le territoire plus de 50 000 objets connectés permettant notamment de réduire le trafic urbain.  

La ville a d’ailleurs été élue, en 2022, “ville la plus agréable à vivre de France”. Ce n’est donc pas un secret : il existe une véritable corrélation entre le déploiement d’actions durables sur les territoires, leur attractivité, et la satisfaction de leurs habitants. La ville moyenne peut donc devenir un modèle de ville durable en répondant présent aux besoins révélés par la crise sanitaire : ceux d’une vie plus paisible et proche de la nature dans un cadre “à taille humaine”, proposant un meilleur confort de vie pour les habitants.