Smart city Barcelone : big data, numérique et mobilité verte

Rédigé par L'Equipe de rédaction

Publié le :

Mise à jour le :

Une ville intelligente source d’inspiration européenne

En quelques décennies, Barcelone est devenue un très bel exemple de smart city : une ville connectée, verte et innovante. Elle est par exemple la première ville du monde à avoir mis en place un système de transport moderne et vert : le bus à impulsion électrique (BHIM) ou autobus. Mais c’est loin d’être le seul fait évocateur de l’intelligence de Barcelone et la smart city a bien plus qu’une image de marque à tenir. L’ambitieuse démarche entreprise par Barcelone est par ailleurs source d’inspiration à l’échelle européenne et au-delà. Parcourons ensemble les spécificités de cette ville intelligente.

Passez au solaire, évaluez votre potentiel

Le numérique et le big data à Barcelone

Le recueil et l’exploitation des données urbaines à des fins d’amélioration de la qualité de vie, voilà l’un des axes majeurs de la smart city telle que nous la voyons aujourd’hui. Un tel déploiement du numérique à l’échelle d’un territoire vient non pas sans difficultés, mais avec un lot d’avantages incontestables dont celui pour la collectivité de maîtriser ses coûts opérationnels mais aussi d’optimiser son énergie et d’affiner ses services aux citoyens. Maîtriser ses dépenses urbaines permet effectivement d’assurer une plus grande durabilité des services.

Barcelone est une Smart City, ville qui utilise le numérique pour améliorer la vie en collectivité. La prédominance de l’emblème de cette ville, le Gaudí parfaitement représente son travail, sa personnalité et ses idéaux. Et c’est dès le début des années 90 que Barcelone commence sa transformation numérique, avec le déploiement de plus de 500 km de fibre optique à l’occasion des JO. Cela a certainement accéléré le développement de la ville intelligente et connectée. Depuis, Barcelone a accompli encore plus de chemin :

  • Mobilier urbain connecté (IdO = internet des objets) et capteurs partout en ville jusque dans les espaces verts, parkings, containers à déchets, feux de circulation, éclairage…
  • Des ascenseurs intelligents liés à la technologie Max avec 24 000 unités installées. Au sein des bâtiments publics également, Barcelone est l’une des seules à en petre doté. Ceux-ci permettent à la ville de faire un pas de géant en matière de maintenance prédictive (réduction des temps d’immobilisation de 50 %).
  • Wifi gratuit : plus de 450 bornes d’accès partout sur le territoire communal.

Ce qui différencie Barcelone des autres smart cities et la hisse fréquemment dans le TOP 5 des villes les plus intelligentes au monde, c’est peut-être sa double approche en matière de numérique : ascendante et descendante. Ainsi, là où la commune utilise la donnée pour répondre aux problématiques citoyennes, elle attend des citoyens qu’ils remontent eux-mêmes leurs besoins à travers les mêmes canaux. Plusieurs plateformes d’open data permettent à ce jour une consultation facilitée des données.

Politique urbaine et numérique : Combien ça coûte ?

Les choix technologiques ambitieux portés par Barcelone mais également la volonté municipale affirmée ne suffisent parfois pas. Les moyens donnés aux projets urbains doivent également être à la hauteur pour consolider le socle de la ville intelligente.

Barcelone dispose d’un budget de plus d’1 milliard d’euros pour développer ses politiques digitales. Ces fonds proviennent du Plan Digital de l’État, qui consacre 50 millions d’euros aux villes innovatrices auxquelles Barcelone a succédé et du plan européen €115 milliards pour la recherche et le développement.

A côté de cela, les milliers de capteurs connectés et l’analyse de la donnée urbaine a permis à Barcelone d’économiser plusieurs dizaines de millions d’euros sur les dernières années :

  • +36 millions d’euros perçus en stationnement sur 2018 mais avec un cœur de ville moins engorgé,
  • 42 millions en consommation d’eau.

Smart city : Barcelone et son ambitieux plan urbain de mobilité

La mobilité verte est l’un des enjeux de la smart city. Une mobilité moins énergivore, plus responsable de l’environnement permet effectivement de répondre aux enjeux climatiques mais également sociétaux et économiques des villes. Le modèle barcelonais ne fait pas exception et la ville a depuis des années enclenché une politique urbaine forte à ce sujet. Objectif ? Diminuer le trafic urbain en véhicules polluants, améliorer ainsi la qualité de l’air et de réduire les nuisances sonores.

Comment ? Tout simplement en façonnant une nouvelle hiérarchie urbaine, dans laquelle les routes ne représenteraient plus 2/3 du panorama de la ville. Barcelone a lancé il y a quelques années un vaste projet d’aménagement urbain, qui se veut exemplaire malgré les critiques sur son coût.

La commune implémente petit à petit des “superblocks” (“Superilles” en espagnol), des ilots urbains à accessibilité limitée et vitesse réduite pour les voitures. Il s’agit en quelques sortes de “fermer” les quartiers actuels aux voitures, de créer une série d’écosystèmes urbains d’environ 400 m² au sein desquels la qualité de vie est supérieure. Si l’objet principal est de développer la mobilité durable dans la ville, on constate également de nombreux autres bienfaits : plus de végétalisation, moins de nuisances mais également une activité urbaine qui contre toute attente s’avère plus dense et une économie qui se porte bien. C’est sans parler des bienfaits sur la santé des occupants et sur le lien social.

Bien sûr, Barcelone bénéficie de conditions propices à cette expérimentation urbaine du fait de sa construction linéaire. Malgré tout, il s’agit d’un projet unique en son genre qui fait d’ores et déjà ses preuves. Il constitue une base solide pour une transition vers une ville piétonne.

Barcelone : Quel est son talon d’Achille ?

A Barcelone comme ailleurs, la ville intelligente doit savoir identifier ses faiblesses et apprendre à les contourner. Pour Barcelone, il s’agit probablement de sa végétalisation. Il y a quelques années encore, la ville comptait tout au plus 6 m² d’espaces verts par habitant, des espaces inégalement répartis. De ce constat découlaient beaucoup d’inquiétudes : comment lutter contre les ilôts de chaleur urbains, assainir l’air ambiant ou encore favoriser la biodiversité ? L’OMS quant à elle, recommande 15 à 16 m² d’espaces verts par habitant en moyenne.

Passez au solaire, évaluez votre potentiel

Pour contrer ce talon d’Achille, la smart city Barcelone a enclenché sur 2012-2020 un plan vert et de biodiversité avec au programme des objectifs plus qu’ambitieux : atteindre 17m² d’espaces verts par habitant notamment en plantant 235 000 arbres en milieu urbain. Pari tenu. Depuis quelques années, Barcelone met également les bouchées doubles pour développer sa biodiversité urbaine au travers d’aménagements d’ampleur comme sur l’avenue Meridiana. Cette ancienne voie routière devient progressivement le poumon vert de la commune et le projet global, estimé sur 4 ans, devra créer 13 000 m² d’espaces verts pour 46 millions d’investissement.

Nous l’avons vu, Barcelone a su être avant-gardiste en matière de ville intelligente pour devenir petit à petit un modèle de ville smart et connectée.

Barcelone présente également une caractéristique qui refait surface dans les débats sur la smart city : n’oublions pas que la végétalisation urbaine a été un enjeu fort de la smart city, notamment puisqu’elle permet à la ville d’atteindre un niveau de résilience supplémentaire face au défi du réchauffement climatique. L’enjeu de la végétalisation urbaine et de la présence d’espaces naturels proches du domicile est d’autant plus crucial dans les contextes de crise tels que nous les expérimentons avec la Covid-19…